Notre-Dame de la Terre

Hier, j’ai perdu un peu de mon âme. Notre-Dame, au fond, c’est beaucoup de ma vie !

Elle m’appartient en quelque sorte, au moins en partage, et j’y suis viscéralement attaché.

1000 fois sans doute, j’ai fait le détour pour la voir depuis le Pont de l’Archevêché, assise là, devant moi, regarder bien fière et droit devant. A l’étranger – j’y suis souvent -, je pense toujours à elle. Elle me rappelle à ce que je suis. Je ne suis pas Chrétien. Impérieusement, elle en fait fi ! et je m’y plie. Serait-ce parce que, plus qu’autre chose, je suis Parisien ? Sans doute. Mais pas seulement. C’est une idée. Plus forte que la religion. Celle de la foi. Non pas donc limitativement dans ce qu’elle induit de transcendance, chacun en jugera. Non pas au sens spécifiquement liturgique, chacun se l’appropriera. Ou pas. Celle de la foi, au sens de ce qui ici – ou bien là – nous unit, et à quoi l’on croit quand on croit ! Cette idée que l’on peut se rassembler autour d’une histoire quand on sait d’où elle vient, et vers où elle nous conduit. Cette idée que la laïcité n’est en rien un obstacle à la pratique qu’au contraire elle préserve. Cette idée que la grandeur d’un édifice est indissociable de la promesse qu’il vous livre et à laquelle vous pouvez vous en remettre. Avec confiance. La promesse que, quel que soit le chemin parcouru, par vos parents avant vous, vous pouvez, si vous le voulez, et si l’on vous fait sentir bienvenu, continuer ce chemin comme français.

Depuis hier, Notre-Dame n’est plus que de Paris.

Et c’est parce qu’elle est désormais Notre-Dame de la Terre qu’il ne faut pas pasticher ce qu’elle fut. Mais confier à un grand architecte contemporain le soin de l’inscrire dans de nouvelles mémoires pour 1000 ans à compter de ce jour.

Franck Prazan

16 avril 2019